La force d’un homme n’est pas contenue dans sa capacité érectile mais bien dans sa qualité d’être et de protection, cette capacité à s’aligner à lui-même, à la puissance de son cœur, à la solidité de ses valeurs, en toute droiture, honnêteté, confiance et fermeté. C’est à ce moment là que l’on sait que le fils est devenu un Homme.
« La peur de l’homme envers la femme s’exprime inconsciemment dans tout un ensemble de peurs : la peur de ne pas être à la hauteur.., et de ne pas satisfaire les désirs de la femme, mais aussi la peur d’être englouti, d’être retenu prisonnier, d’être dépendant.
Il faut comprendre que dans le psychisme de l’homme, son premier objet d’amour et de désir a été sa mère, celle qui l’a enfanté, avec laquelle il était un. Par la suite, il a dû se différencier de cette mère toute puissante, de cette matrice qui lui a donné la vie, mais qui est aussi celle dont il doit s’extraire. Et la relation envers la femme est à la fois favorisée et phagocytée par l’empreinte de la mère.
Et il ne s’agit pas uniquement de notre mère, mais de toutes les mères depuis que le monde est monde, de cette relation fondamentale à la Mère, dispensatrice et dévoreuse de vie que nous avons tous vécus en tant qu’être humain.
Ce sont les mêmes circuits qui sont à l’origine de l’attachement envers ses parents- ses enfants et envers son compagnon ou sa compagne.
Cela signifie que, pour l’homme, tout ce qui relève de l’attachement, de l’attirance, du désir, réactualise involontairement les schémas d’amour fusionnel qu’il a pu avoir avec sa mère.
Ces schémas ne sont donc pas liés uniquement à la personne physique dont il est issu, car ils correspondent à des programmes biologiques préétablis qui forment une trame sur laquelle notre relation envers notre mère a été rendu possible.
Pour l’homme, il s’agit donc à la fois prendre conscience de ce qui s’est passé avec sa mère, mais aussi d’intégrer l’aspect mythique et symbolique du rapport que chaque homme entretient avec la Mère, dispensatrice de vie, nourricière, soignante, mais aussi castratrice et enfermante…
Et pour sortir de cette toute puissance maternelle, l’homme utilise naturellement son épée (en réalité son sexe) comme le montre les films d’action… En effet, le fantasme de ce type de « héros phallique » se manifeste dans une identification de l’homme à son pénis : « je bande donc je suis » pourrait être sa devise. Il tend à se juger à l’aune de l’activité de sa verge. Si elle est souvent dure et en érection, si toutes les femmes se pâment devant elle, alors il existe comme Homme. Sinon, il pense qu’il n’est rien…
Évidemment, la différence entre l’idéal de ce héros hyper-viril et la réalité est forte : comme il n’est pas possible de bander à volonté et de soutenir des érections fermes pendant des heures, il y a un risque à s’enfermer dans un mouvement de repli sur soi, d’isolement.
Ne se jugeant pas normal (la normalité étant jugée en fonction des caractéristiques hyper-viriles) ou pas assez bien constitué, l’homme n’ose alors plus pratiquer de sport ou d’avoir des relations féminines. Il entre alors dans un cercle vicieux : moins il voit de femmes, plus il fantasme et plus il ressent des difficultés à rencontrer des femmes. Il ne fait plus que de se masturber en fantasmant, en regardant des films ou photos pornos, en se culpabilisant et en se dévalorisant. C’est la spirale infernale de la dépression, de la dévalorisation de soi.
Inversement, cette angoisse peut aussi plonger l’homme dans le syndrome de Don Juan : en cherchant compulsivement à séduire toutes les femmes qu’il rencontre, afin d’obtenir une représentation positive de sa virilité. Mais la satisfaction de la conquête ne dure pas longtemps et il doit repartir incessamment vers de nouveaux rivages, chercher encore et toujours à se prouver qu’il est viril, pour combler cette angoisse profonde sur son identité.
Dans tous les cas et quel que soit la manière dont il s’exprime, le fantasme d’hyper-virilité mène à une impasse.
Pour dépasser cette angoisse, il n’y a qu’un mot, qu’un seul « accueillir ce qui vient » et surtout recontacter la puissance sauvage de l’Homme en soi. Contacter le plaisir à être un homme, indépendamment de son sexe, indépendamment du fait de bander ou non.
Se sentir « fort » intérieurement : ce qui n’a rien à voir avec la force physique, mais plus à l’alignement psychique intérieur vis à vis de Soi et du monde.
Hommes, mes frères, nous sommes à la croisée des chemins. Un nouvel âge apparait. Trouvons notre puissance intérieure, pour encore plus s’ouvrir en amour et nous unir de corps, de cœur et d’âme aux femmes, nos soeurs d’âmes.
Que le Divin Masculin épouse le Féminin Sacré, que Shiva et Shakti ne fassent plus qu’Un au service de la Vie.
Engendrons ensemble, une nouvelle ère de Conscience et d’Amour
Jacques Ferber
Écrivain, enseignant-chercheur en sciences cognitives, il est spécialiste de la relation homme-femme et animateur de stages de Tantra.
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