Prendre le temps; rendre le temps au temps.

Effet secondaire du virus : revoir ses priorités dans la frénésie contemporaine.

Tous à l’arrêt, à la maison, pendant des jours et des jours.

À faire le compte d’un temps dont nous avons perdu la valeur, dès qu’il n’est plus mesurable en argent, en profit.

Dans ces sauts de conscience, nous pouvons réajuster nos valeurs, des situations astreignantes réveillent en nous des évidences.

Le superficiel, la fugacité, n’ont plus lieu d’être. Les futilités sont abandonnées pour laisser place à ce que nous souhaitons cultiver avec nous mêmes et nos proches. 

L’amour résonne en chacun de nous. La compassion, l’empathie peuvent être alors exprimées, par des gestes et attentions, des mots ou des regards.

Le pardon devient naturel et spontané, la bienveillance présente se faire ressentir en chacun de nous. Une opportunité pour observer, marquer un temps d’arrêt et repenser nos vies, nos envies et nos partages.

Il devient alors si simple semble-t-il, de relativiser nos priorités. 

Le temps nous est donné comme un cadeau, pour nous positionner individuellement et ensemble. Saisissons cette opportunité avec joie.

Il est si bon de se détacher de la frénésie de nos vies actives en douceur, de jouir de ce précieux temps dont beaucoup d’entre nous semblent manquer d’ordinaire.

Des pratiques méditatives, des jeux avec les enfants, des ateliers créatifs ou du yoga, le champs des possibles s’élargit avec ce temps supplémentaire. L’expérience du partage nous apprend à nous connaître soi même et les autres.

Dans un climat social où penser à soi est devenu la règle, le virus nous envoie un message clair : la seule manière de nous en sortir, c’est la réciprocité, le sens de l’appartenance, la communauté, se sentir faire partie de quelque chose de plus grand, dont il faut prendre soin, et qui peut prendre soin de nous.

La responsabilité partagée, sentir que de nos actions dépendent, non pas seulement de notre propre sort, mais du sort des autres, de tous ceux qui nous entourent. Et que nous dépendons d’eux.

Des élans de solidarité se manifestent, aidants les personnes âgées pour des taches quotidiennes, en Italie on chante sur les balcons, en Espagne la gratitude est exprimée par des applaudissements depuis les fenêtres pour le corps médical soignant.

L’expérience nourrit nos âmes et nos cœurs leur donnant de l’espace pour exprimer leur intelligence. “Humanisons” l’humanité en chacun de nous.

Alexandre Pèpe