Le Deuil est Propre à Chacun, Voici les Étapes à Connaître

Ces étapes sont communes mais non systématiques, ni linéaires pour tout le monde.

La perte d’une personne aimée constitue une véritable rupture et une souffrance liée au travail de deuil, qui prend son sens dans l’étymologie latine du deuil: « dolere ». C’est un processus normal qui se manifeste par divers phénomènes psychiques, dont certains sont communs à de nombreuses personnes, et d’autres plus variables selon les individus.

Bien souvent, après avoir réalisé la perte de l’être cher, toutes les pensées se retrouvent orientées vers la personne défunte, vers ce que l’on aurait pu faire de plus, vers ce que l’on n’a pas su dire, et bien entendu vers le douloureux manque de la personne disparue.

Ce manque est d’autant plus intense, qu’il est associé à des souvenirs qui font appel à la mémoire du corps et de ses sens: le son de la voix, une musique rappelant un moment particulier, un contact par le toucher, des images qui défilent par les souvenirs visuels, un simple parfum qui peut réveiller un souvenir entier, ou encore le goût d’un plat apprécié par la personne défunte et partagé avec elle. Il peut alors en résulter des émotions très vivaces, que nombre d’entre nous chercherons à limiter, par la puissante douleur qui est associée. Cela peut aller jusqu’à un état dépressif réactionnel, jusqu’au déni ou encore jusqu’à un deuil pathologique.

Les situations de deuils compliqués, décrites par le psychiatre Michel Hanus, se déclinent en trois catégories:

  • le deuil différé: l’étape initiale normale, du refus de la perte, se prolonge dans le temps, empêchant l’acceptation de la réalité et donc le travail de deuil;
  • le deuil inhibé: dans ces cas là, les manifestations passent surtout par le physique, plutôt que par les affects. Cela peut aussi aller jusqu’à une décompensation et engendrer une maladie physique ou mentale;
  • le deuil chronique: la personne n’arrive pas à se reconstruire des années après la perte de l’être aimé, l’empêchant de s’ouvrir à d’autres amours, avec un maintien d’une dépression chronique, qui s’installe et sort du cadre normal de l’état dépressif réactionnel.

La psychiatre Elisabeth Kubler Ross, décrit 5 étapes de deuil présentées dans l’ordre ci-dessous, qui peuvent aussi aussi faire suite à l’annonce d’un diagnostic qui met en danger la vie de la personne aimée:

  • le déni: lors de cette phase, la réalité est refusée parce que trop brutale et difficile à accepter;
  • la colère: c’est une phase de révolte et une période où l’on peut aisément avoir tendance à chercher des « fautifs » ou des responsables;
  • le marchandage: lors de cette phase, on peut chercher à marchander avec d’autres personnes concernées, notamment le personnel médical pour chercher à prolonger la vie de la personne (si elle est en fin de vie), ou en cherchant à aborder une nouvelle conduite, comme manière de changer le passé et l’issue tant redoutée;
  • la dépression: c’est une phase de repli sur soi, avec de nombreux affects de tristesse, des regrets et de la culpabilité;
  • l’acceptation: le décès est accepté. L’avenir et la vie reprennent du sens avec la création de nouveaux projets, sans pour autant oublier l’être aimé.

Les trois principaux facteurs, non exhaustifs, marquant un travail de deuil abouti (quelque soit la durée qu’il ait pris) sont:

  • arriver à se libérer de la culpabilité;
  • accepter le décès;
  • arriver à investir d’autres relations et s’adapter à ce bouleversement, sans douleur excessive.

Ces étapes sont communes mais non systématiques, ni linéaires pour tout le monde. Elles dépendent en effet, largement d’aspects culturels, qui sont directement reliés à l’idée même de la mort, variable selon les religions et les populations dans le monde.

En outre, la manière et les étapes pour faire son deuil sont individuelles. Certains auront besoin de se recueillir au cimetière, de garder des objets, de se rapprocher de la religion. D’autres auront besoin de partir en voyage, voire en pèlerinage, à la recherche de leur histoire et de leur identité. Dans cette démarche, le deuil peut aussi prendre un aspect spirituel et constructeur pour la personne endeuillée. Il peut alors s’agir d’une étape pour se re-trouver, méditer sur des choix de vie qui pouvaient alors paraître évidents, sans l’être véritablement.

Ce ne sont pas les pleurs qui permettent de savoir si une personne est en travail de deuil ou non, mais plutôt l’expression de sa douleur, par quel que biais que ce soit. L’art, quel que soit le support utilisé: écrit, verbal, corporel, audiovisuel, photographique, ou tout autre support, peut jouer un véritable rôle thérapeutique et de reconstruction de soi. Comme le disait, Christian Bobin dans son ouvrage intitulé La plus que vive, écrit après la mort de sa femme « On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout: le manque ».

Remerciements à Alexandra Milazzo, Psychologue-Neuropsychologue, auteure et sophrologue