Assurez-vous de maintenir votre thyroïde en bonne santé

Située sur la face antérieure du cou, la glande thyroïde intervient dans de nombreuses maladies. Elle pèse entre 20 à 30 grammes et ressemble à un papillon de 6 à 8 cm de hauteur posé de part et d’autre du larynx.

Savoir comment favoriser son équilibre est essentiel à notre santé. A la base, la thyroïde est une glande endocrine qui régule de nombreux systèmes hormonaux. Son action passe  entre autre par la sécrétion de triiodothyronine (T3), de thyroxine (T4) et de calcitonine. De nombreuses affections plus ou moins graves peuvent perturber son fonctionnement. Il n’existe pas de statistiques officielles à ce sujet, mais, certains experts estiment qu’au moins 12% de la population française souffre à des degrés divers d’affections de la thyroïde. La plus fréquente des affections de cette glande est la thyroïdite de Hashimoto,  maladie auto-immune qui peut la détruire entièrement. Le cancer thyroïdien, en forte progression en France depuis 1980, est la plus grave des affections de cette petite glande. Les dysfonctionnements les plus courants sont bien sûr l’hyperthyroïdie et l’hypothyroïdie. L’hyperthyroïdie est due à un excès de thyroxine et triiodothyronine alors que l’hypothyroïdie décrit des symptômes inverses. Lorsqu’elle manque d’iode, l’oligo-élément qui lui permet de fabriquer les hormones thyroïdiennes, elle grossit et forme un goitre qui déforme le cou.

Derrière la thyroïde se trouvent quatre petites glandes parathyroïdes de la taille d’un grain de blé ainsi que deux nerfs qui commandent la mobilité des cordes vocales. La thyroïde fabrique les hormones T3 et T4 à partir de l’Iode et de la tyrosine, acide aminé issu de l’alimentation. T4 se transforme alors en T3 qui est 3 à 5 fois plus active. L’excès d’iode ingéré par la thyroïde est éliminé par l’urine. La glande peut stocker la quantité d’iode nécessaire pour deux mois. Toute carence en iode engendre des troubles de la croissance ainsi que des troubles psychiques. Le besoin en iode pour un adulte est de 150 microgrammes (mcg) par jour et de 250 mcg chez la femme enceinte.  Quant à la Tyrosine, dont la phénylalanine est un précurseur, c’est  l’un des 22 acides aminés nécessaires pour fabriquer les protéines. On en trouve dans des végétaux tels que les amandes, l’avocat, la banane, la fève, la graine de courge, la graine de sésame ainsi que dans des produits animaux tels que le poulet, la dinde, le poisson et les produits laitiers. Les besoins journaliers d’un adulte sont estimés à 14 mg/kg de poids et au minimum de 1,1 g par jour. La calcitonine, troisième hormone thyroïdienne, est essentielle au métabolisme du calcium. Elle est constituée de 32 acides aminés dont 6 molécules de tyrosine et 3 de son précurseur, la phénylalanine.

La thyroïde favorise le développement du squelette, y compris les dents, ainsi que du système nerveux central.  Elle permet la production de la gaine de myéline qui protège l’axone qui véhicule l’influx nerveux. Elle intervient également dans la production des neurotransmetteurs, essentiellement de la sérotonine, indispensable au sommeil et à la croissance de ces filaments nerveux nommés axones. Son rôle est également déterminant dans les fonctions cognitives. Les hormones thyroïdiennes stimulent toutes les zones de l’organisme ainsi que le métabolisme basal, responsable de l‘accélération du cœur, de l’augmentation de la pression artérielle ou encore de  la régulation thermique du corps. T3 et T4 participent à la fabrication des protéines, dégradent le glycogène pour fournir l’énergie glucidique, et favorisent la dégradation des graisses pour l’énergie lipidique. Les hormones T3 et T4 sont fabriquées à partir de la stimulation par deux hormones successives fabriquées dans le cerveau. Ce sont l’hormone Thyréotrope (TRH), fabriquée au niveau de l’hypothalamus et la ThyréoStimulineHormone (TSH) fabriquée par l’hypophyse à la base du cerveau. Le dosage de la TSH dans le sang est un examen courant pour connaître l’état de fonctionnement de la thyroïde. Si cette dose augmente, les médecins prescrivent généralement un substitut hormonal d’origine chimique, connu sous le nom de Lévothyrox, alors qu’un simple changement alimentaire permettrait de rétablir rapidement l’équilibre. Quant à la calcitonine, son rôle est de réduire le taux de calcium dans le sang quand il est trop élevé. A cet effet, elle bloque la formation de cellules osseuses, diminue l’action de la Vitamine D et augmente l’élimination du calcium par les reins.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi tout dysfonctionnement de la thyroïde peut avoir une forte influence sur le métabolisme, la croissance osseuse, la régulation de la température, la clarté mentale, etc. Les symptômes de dérèglement de la thyroïde sont nombreux : fatigue, constipation, pieds et mains froids, prise de poids, irritabilité, insomnie, infertilité, maladies auto-immunes. La glande est très sensible au stress et au manque d’exercice physique. Une étude publiée dans le magazine Neuro Endocrinology a montré que la pratique modérée  d’exercice physique  pouvait augmenter les niveaux d’hormones thyroïdiennes circulant dans la physiologie. La thyroïde est également sensible aux toxines et aux rayonnements, voilà pourquoi il est recommandé de réduire au minimum l’exposition à ces facteurs. Il est conseillé d’éviter de boire de l’eau du robinet non filtrée car elle contient des pesticides et des métaux lourds, d’éviter la viande et des produits laitiers issus de filières industrielles car ils contiennent des résidus d’hormones et d’antibiotiques, d’éviter les poissons qui contiennent du mercure, d’éviter tout contact avec des produits de nettoyage, de résister aux aliments industriels bourrés d’additifs, de ne pas se tartiner la peau de produits cosmétiques à base de produits chimiques, d’éviter si possible les radiographies dentaires, les produits ignifuges, les produits contenant du fluor ou encore les cigarettes.

L'eau potable st traitée au chlore et au fluor

L’Ayurvéda apporte également sa contribution au bon fonctionnement de la thyroïde, notamment en favorisant l’absorption de l’iode. Deux plantes y contribuent fortement : Guggul et Ashwagandha. Une étude publiée dans Planta Medica a montré que le Guggul (alias Commiphora Mukul) augmentait l’absorption de l’iode dans la glande thyroïde[2]. Une autre étude[3] a montré que la prise de Guggul suggérait que ses composants avaient la capacité de contrer les agents néfastes au bon fonctionnement de la thyroïde chez les sujets par ailleurs en bonne santé. Au bout de 30 jours, les chercheurs ont constaté que certains constituants du Guggul stimulaient l’activité d’enzymes telles que la superoxyde dismutase (SOD), la catalase (CAT) et les peroxydes lipidiques (LPO). Cette activité antioxydante accrue est responsable de l’augmentation des taux d’hormones thyroïdiennes T3 et T4 également notés dans cette étude. Précisons que l’Ayurvéda estime que Guggul est plus efficace lorsqu’il est utilisé en conjonction avec Ashwagandha (Withania somnifera). Des études[4] ont montré que certains constituants de l’Ashwagandha soutenaient également des niveaux sains de peroxyde lipidique (LPO) dans le foie, là où les hormones de la thyroïde sont fabriquées. Les taux de SOD et de CAT ont également augmenté de façon significative avec des suppléments d’Ashwagandha. Certains constituants de cette plante antistress facilitent la production naturelle des enzymes qui neutralisent les agents néfastes à la thyroïde chez les individus sains, d’où des niveaux plus élevés de T4, l’hormone précurseur de T3, l’hormone thyroïdienne la plus active. D’autres études[5] ont mesuré une augmentation des taux de T3 et de T4 en corrélation avec la prise d’Ashwagandha.

Reste la question de fond : comment équilibrer le fonctionnement de la thyroïde dans un  contexte marqué par un déficit en iode. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 72% de la population mondiale souffrirait en effet de carence en iode, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que les taux d’iode ont chuté de 50% au cours des 30 dernières années. Ceci est dû à une réduction de la consommation de sel iodé, à l’appauvrissement des sols en iode, à l’élimination de l’iode en tant que conditionneur de pâte dans le pain ou encore à l’arrêt de l’utilisation de l’iode pour désinfecter les machines dans les industries du lait et de la viande. L’iode qui a été retiré du pain a été remplacé par le bromure, inhibiteur de l’absorption de l’iode. Les seins sont l’un des principaux sites de stockage de l’iode dans le corps. Sa présence dans le lait maternel favorise l’immunité du bébé ainsi que le développement de son cerveau. Il bloque l’absorption des œstrogènes toxiques et augmente l’absorption de l’œstrogène sain. Il augmente la mort cellulaire (apoptose) dans les cellules anormales du sein et de la thyroïde. Rappelons que l’apoptose est un processus essentiel qui favorise la formation de nouveaux organes sains ainsi que l’élimination et le remplacement des cellules nocives.

L’iode est par ailleurs un puissant antioxydant. De nombreuses études ont montré qu’il a permis d’améliorer considérablement la désintoxication par l’urine de toxiques tels que le fluorure, le chlorure et le bromure. Rappelons que l’on trouve du fluor dans l’eau potable, dans les casseroles antiadhésives, les dentifrices ainsi que dans de nombreux médicaments. Le fluorure a été utilisé dans les années 50 pour supprimer la fonction thyroïdienne en cas d’hyperthyroïdie en Amérique du Sud et en Europe. Avec la carence en iode, la thyroïde devient beaucoup plus vulnérable aux toxines environnementales qui bloquent son fonctionnement. Pourtant, il est indispensable à la production d’hormones thyroïdiennes (T3, T4). L’iode est également nécessaire, avec le sélénium, pour convertir l’hormone thyroïdienne la moins active, la T4, en hormone thyroïdienne la plus active, la T3.

Selon l’Ayurvéda, l’iode est un stimulant lymphatique naturel. Le sein, la thyroïde, la prostate et l’intestin ont tous de fortes concentrations en iode et sont très dépendants de l’écoulement lymphatique. Lorsque le système lymphatique est congestionné, le tissu cicatriciel et le tissu fibreux peuvent s’accumuler. Ceci est particulièrement problématique dans le sein. Des études ont montré que l’iode pouvait réduire l’accumulation de tissu fibreux dans le sein. Certaines études ont relié des niveaux élevés d’iode à la santé de la thyroïde et de la prostate. Les japonais, qui consomment beaucoup de produits de la mer, ont une meilleure santé de la prostate que les américains alors qu’il est reconnu que l’iode renforce l’immunité, la désintoxication naturelle, le métabolisme cellulaire, la fonction hormonale, la mémoire, l’énergie, l’humeur et le poids. L’iode peut fournir un soutien immunitaire pour une santé optimale du sein, car le tissu mammaire concentre plus d’iode que la thyroïde. Si l’iode est un précurseur de la fabrication des hormones thyroïdiennes, le rôle de l’iode ne commence pas avec la thyroïde. Les récepteurs d’iode existent dans chacune des cellules du corps et régulent la fonction cellulaire, comme le mouvement de la nutrition dans la cellule et le drainage lymphatique des toxines de chaque cellule. L’iode était considéré autrefois comme un antibiotique. Aujourd’hui encore, avant toute opération chirurgie, les médecins frottent la zone à opérer avec de l’iode afin de soutenir l’immunité.

L’iode protège les cellules contre les métaux lourds, les produits chimiques et les toxinesqui ont atteint des niveaux sans précédent dans notre monde civilisé et peuvent provenir de sources insoupçonnables. Ainsi, de nouveaux meubles peuvent être source d’halogènes qui entrent en concurrence avec l’iode dans les récepteurs de l’iode dans l’organisme. C’est le cas avec le le brome et le fluor qui sont des halogènes comme l’iode. Lorsque les niveaux d’iode sont faibles, les récepteurs d’iode captent d’autres halogènes ou leurs sous-produits. Les métaux lourds, les polluants environnementaux, les pesticides, les meubles, les tapis, les polluants, les pesticides et les œstrogènes provenant des plastiques peuvent être plus agressifs lorsque les taux d’iode sont faibles. Ces toxines peuvent inhiber la fonction thyroïdienne, le métabolisme cellulaire, l’équilibre hormonal, et de nombreuses autres fonctions cellulaires.

En résumé, nous sommes déficients en iode à cause des toxines qui entrent en concurrence avec les récepteurs de l’iode, à cause des sols appauvris en iode, à cause des eaux chlorées et fluorées, l’absence d’iode dans le pain, dans l’alimentation et dans le sel[6]. En cas de carence en iode, la thyroïde grossit. Actuellement, l’OMS a fixé l’apport idéal d’iode à 150 mcg par jour. Comment apporter cette dose quotidienne en toute sécurité? En consommant des aliments riches en iode, et prenant du Guggul et de l’Ashwaganda et, éventuellement, en y ajoutant la prise de compléments alimentaires riches en iode et de qualité biologique. Ne pas perdre de vue non plus que les vitamines et les minéraux sont importants pour la production et l’utilisation des hormones thyroïdiennes. Ce sont le sélénium, le zinc et les vitamines A, E, C et B. On en trouve dans les aliments suivants :

  • Iode: algues marines, crevettes, saumon, sardines, huîtres, œufs
  • Sélénium: noix du Brésil, fruits de mer, viande de filière « bio »
  • Zinc: huîtres, racines de gingembre, noix du Brésil, amandes, noix, sardines
  • Vitamine A: Légumes verts, nectarines, pêches, huile de foie de morue, carottes (elles contiennent un important précurseur de la vitamine A)
  • Vitamine E: arachides, amandes, graines de tournesol, huile d’olive, germes de blé
  • Vitamine C: agrumes, fraises, légumes verts, piment rouge
  • Vitamine B2: levure de bière, œufs, viande bio, lait, légumes verts
  • Vitamine B3: levure de bière, saumon, thon, poulet, foie, champignons
  • Vitamine B6: levure de bière, graines de tournesol, germe de blé, thon, saumon, foie

Attention car certains aliments sains peuvent aussi perturber la fonction de la thyroïde. C’est le cas des produits issus du soja (tofu, tempeh, lait de soja), du brocoli, du chou, du chou frisé, des choux de Bruxelles, de l’arachide et des pignons, des fraises, des pêches et des épinards.

Jo Cohen

La voie de l’ayurveda.

[1]                              En France, la fréquence du cancer de la thyroïde a augmenté au cours des dernières décennies, posant la question du rôle joué par la catastrophe de Tchernobyl.

[2]                              “Thyroid Stimulating Action of Z-Guggulsterone Obtained from Commiphora mukul” Tripathi YB, Malhotra OP, Tripathi SN. Planta Medica. 1984 Feb;50(1):78-80.

[3]                              “Response of commiphora mukul (guggulu) on melatonin induced hypothyroidism” Singh AK, Tripathi SN, Prasad GC. Ancient Science of Life. 1983 Oct;3(2):85-90.

[4]                              “Withania somnifera and Bauhinia purpurea in the regulation of circulating thyroid hormone concentrations in female mice” Panda S, Kar A. Journal of Ethnopharmacology. 1999 Nov 1;67(2):233-9.

[5]                              “Changes in thyroid hormone concentrations after administration of ashwagandha root extract to adult male mice” Panda S, Kar A. Journal of Pharmacy and Pharmacology. 1998 Sep;50(9):1065-8.

[6]                              Le sel n’est malheureusement pas le plus grand porteur d’iode. Après son exposition à l’air pendant 4 semaines, il perd 100% de sa teneur en iode.